Savez-vous slasher ?

Savez-vous slasher ?

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Vous êtes agent immobilier le jour et danseur de salsa pro le soir ? Enseignant chercheur en physique quantique et créateur de bijoux maison vendus online ? Vous êtes donc slasheur sans le savoir. De l’anglais « slash » désignant la barre oblique « et/ou » de votre clavier, le terme de slasheur s’applique à toute personne cumulant au moins deux types d’activités professionnelles rémunérées (on insiste sur ce dernier point).

Comme dirait Bernard de la Villardière : enquête sur ce phénomène qui concernerait aujourd’hui plus de quatre millions de Français.

Précarité vs liberté

Dans le monde doré et froufroutant du slashing, toutes les combinaisons existent : le slasheur peut aussi bien être un indépendante  qui jongle entre différentes activités commerciales, artistiques et/ou entrepreneuriales, qu’un salarié. Mais il faut distinguer deux catégories types: le slasheur par précarité, contraint de jongler entre plusieurs petits boulots mal rémunérés pour obtenir un salaire décent . Et le slasheur par choix, qui a décidé de cumuler plusieurs activités au nom de son épanouissement personnel, ou pour vivre sa passion en sécurité.

D’une femme de ménage/aide-soignante à un /chauffeur Uber, en passant par un community manager/trompettiste, le slashing recouvre donc des réalités très différentes. Malgré ce distingo on retrouve également beaucoup de personnes précaires parmi les slasheurs volontaires : ces derniers ayant choisi de privilégier la liberté que leur procure le multi-tasking, au confort financier (et intellectuel) d’une mono activité.

Un slasheur sachant slacher

Principal point commun entre les slashers « volontaires » : pouvoir slasher, c'est-à-dire faire preuve d’une grande souplesse, de beaucoup d’audace et de curiosité. Mais aussi, et c’est le nerf de la guerre, d’une organisation en béton pour pouvoir passer d’une activité à l’autre sans se disperser ni se perdre.

D’après Marielle Barbe, auteur d’un livre sur le sujet, Profession Slasheur, le slashing serait « une réponse au burn-out (surcharge), au bore-out (ennui) et au brown-out (manque de sens) ». En d’autres termes, slasher permettrait de réinjecter de la passion dans le travail, puisqu’un tel système favorise la création sur mesure de son job de rêve. Marielle Barbe va même jusqu’à considérer qu’«en période de crise de l’emploi, d’insécurité sur les retraites et de révolution numérique, le pluriactif représente plutôt le nouveau modèle professionnel». Pour ses adeptes, slasher serait synonyme de bien-être : car pourquoi vouloir rentrer à tout prix dans des cases, lorsqu’on peut être tout à la fois ?

Maman, je slashe mais je vais bien

Pour autant, slasher n’a pas que des avantages. Pour reprendre une expression passée à la postérité, la charge mentale du slasher est double, voire triple, puisqu’il doit démultiplier son investissement personnel et sa puissance d’action par le nombre de ses casquettes professionnelles. Difficile parfois de trouver le juste équilibre lorsqu’on mène de front plusieurs activités…

À noter aussi que, si vous êtes prêt pour le slashing, vos amis/votre mère eux ne sont peut-être pas totalement prêts : dans un monde où l’on se définit par son métier, difficile de prouver que l’on n’est pas juste un marginal fauché, lorsqu’on ne dispose pas d’un statut fixe ! Surtout que le flou juridique associé au slashing peut générer un véritable casse-tête au moment de la déclaration d’impôts. Autant d’éléments à garder en tête, lorsque vous déciderez de vous lancer dans la création de bouquets de fleurs séchées…

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