Pourquoi toutes les entreprises devraient organiser leurs propres conférences de l'échec ?

Pourquoi toutes les entreprises devraient organiser leurs propres conférences de l'échec ?

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Bon, on n’est pas très qualifiés pour vous parler d’échec car on n’y connait pas grand-chose. Plus sérieusement, nous constatons avec plaisir la percée que réalisent les conférences de l’échec dans l’Hexagone, les fameuses Failcon. « Un fiasco »… c’est ainsi que Pauline Laigneau résume son parcours avant la création de Gemmyo, un site de joaillerie qui réalise aujourd’hui 3 millions d’euros de chiffre d’affaires. « Mon expérience en tant que DG de MySpace fut un ratage total que je revendique comme tel sur mon CV », avoue Olivier Hascoat, diplômé d’HEC et de Harvard. L’échec, tabou et éliminatoire, semble doucement se muer en déclic introspectif revendiqué ! Il était temps…

L’échec, c’est chic !

À l’heure où la réussite s’érige en dessein ultime, où les millions et milliards rapidement glanés par des jeunes startupers ultra-brillants qui, en plus de travailler 20 heures par jour, trouvent le temps de faire du surf et d'avaler des litres de mojitos à Copacabana, la honte et la fausse pudeur commencent à se dissiper : l’échec devient chic, et les revers sont enfin reconnus comme la meilleure école de la vie. Aux États-Unis, glisser un ou deux échecs sur son CV  augmente les chances d’être embauché. Cette assertion est certes difficile à prouver, mais il suffit de parcourir le Linkedin américain pour se rendre compte du rapport différent qu’entretiennent les professionnels avec l’échec. Réussir à tout prix n’est plus à la mode. En France, l’échec n’est encore pleinement assumé que s’il est suivi d’un franc succès. « J’ai l’impression que parler de ses échecs est bien reçu si on parle des apprentissages qu’on en a tirés. Mais si on n’a pas su transformer cette épreuve en forme de réussite, on passe encore pour quelqu’un de suspect, de peu fiable », déplore Isabelle, ex-metteur en scène reconvertie en coach après avoir travaillé sur une première pièce de théâtre qui n'a pas rencontré le succès espéré.

Le rapport à l’échec : un indicateur de maturité dans l'entreprise

Pour l’entreprise, les projets qui tombent à l’eau ou qui se traduisent par un échec cuisant sont soit passés sous silence, soit « médiatisés » pour justifier des coupes budgétaires, des plans économiques et sociaux ou d'autres décisions stratégiques. Pourtant, les raisons de l’échec sont une excellente base pédagogique vérifiée de surcroît par le terrain. Étudier les raisons de la déconfiture, c’est prévenir la prochaine ! D’un autre côté, dédramatiser l’échec est le signe d’une entreprise mûre et d’un management courageux capable de prendre du recul et d’agir de façon pragmatique pour aller de l’avant. Gageons qu’avec la multiplication des conférences de l’échec dans la scène entrepreneuriale, les entreprises françaises délaisseront progressivement leurs pudeurs de gazelle pour aborder la chose avec moins de passion. Pendant ce temps, la FailCon de San Francisco n’est plus programmée car selon Cass Phillipps, producteur, « l’échec s’est trop banalisé, les gens sont trop fiers d’avoir raté »… Alors, l’échec déjà trop cool aux US ?